
Maria réalisé par Pablo Larrain (Spencer, Jackie) se concentre sur la dernière semaine de la vie de la cantatrice grecque Maria Callas, interprétée par Angelina Jolie. Le réalisateur convie le spectateur dans l’intimité de « la Callas ». Recluse dans son appartement en compagnie de sa gouvernante et de son majordome, le quotidien de « la Callas » est ponctué d’hallucinations, de crises de panique et de consommation excessive de médicaments qui l’affaiblisse et l’isole de plus en plus. Malgré la perte de sa voix l’empêchant de remonter sur scène, elle se rend régulièrement dans une salle – entièrement vide – y retrouver un pianiste afin de convoquer des périodes de sa vie à jamais révolues, en imaginant qu’elle pourra à nouveau se produire sur scène.
Malgré des qualités techniques indéniables telles que les mouvements de caméra rotative qui soulignent la vie étourdissante menée par la cantatrice et l’interprétation toute en sensibilité d’Angelina Jolie dans une mise en scène réaliste et épurée, le film reste assez monotone et peine à convaincre le spectateur. Mais n’est-ce pas là le but du réalisateur, faire ressentir au spectateur un sentiment d’abandon au point d’exclure toute compassion.
La focalisation est extrême sur l’héroïne : Angelina Jolie, en mode mimétique absolu figure sur tous les plans. A partir de cela, le film est fragmenté d’un point de vue narratif à l’image d’une tragédie classique et l’absence d’images d’archive est à déplorer, mis à part pour le générique de fin.

Queer de Luca Guadagnino (le réalisateur de Call Me by Your Name), adapté du roman de William S. Burroughs est une comédie dramatique qui se focalise sur la rencontre entre William Lee (Daniel Craig), un expatrié américain alcoolique et drogué avec Eugene Allerton (Drew Starkey), un jeune homme à l’allure d’Escort boy. Sorte de voyage initiatique et fantasmagorique dans une Amérique du Sud (entre Mexique et Pérou notamment) aux décors étranges et minimalistes, le film montre la relation éphèmère entre deux hommes que tout semble opposer. Daniel Craig excelle dans ce rôle aux antipodes de James Bond et Drew Starkey est subtil dans le rôle du parfait manipulateur jouant avec les codes de la séduction.
Cependant le film est bien long et difficile d’approche ce qui, à mon avis, l’empêchera de trouver son public. Cela dit, la seconde moitié du film qui se déroule dans une forêt péruvienne est franchement mieux réussie, car le spectateur se sent embarqué dans un tourbillon psychédélique avec comme toile de fond l’ayahuasca. Ce film agit comme un delirium tremens et alterne avec des passages d’une profonde tristesse. En résumé, la parfaite description d’une relation sentimentale humaine.