Welcomin’ Western du jeudi 6 mars 2025

Aloha toutes et tous ! C’est bien connu, le mois de mars est celui des carnavals, parades et défilés de toutes sortes, nous ne nous soustrairons donc pas aux coutumes et te proposons un Welcomin sur le thème du Western. Viens avec tes plus beaux accessoires, chapeau, bottes et ceintures afin de répondre aux questions du quizz concocté pour l’occasion. 
Retrouve nous jeudi 6 mars 2025 à partir de 18h30, au bar Le Yono,37 rue vieille du temple, 75004 PARIS(métro ligne 1 Saint Paul ou Hôtel de Ville).
  Comme d’habitude, tout le monde est bienvenu, parles en autour de toi et n’hésite pas à convier tes ami•e•s et proches, nous vous accueillerons avec plaisir. Au plaisir de te retrouver jeudi !  C.A. de Comin-G

PS: vous pouvez adhérer en ligne. Elle est pas belle la vie ? Pour en profiter, c’est ici : https://www.helloasso.com/associations/comin-g/adhesions/adhesion-2025

Coin Lecture : Confessions d’un masque de Yukio Mishima.

Publié en 1949, Confessions d’un masque est le second roman de l’écrivain japonais Yukio Mishima. Il relate l’histoire d’un adolescent prénommé Kôchan pendant la période impérialiste japonaise avec en toile de fond le conflit de la seconde guerre mondiale.

Kôchan est un jeune garçon malingre et peu assuré qui lutte au quotidien pour exister aux yeux des autres garçons de son âge jusqu’à la rencontre avec Ômi pour lequel des sentiments contrariés vont se manifester. « Et il plaqua soudain contre mes joues en feu ses gants humides de neige. Je me jetai de côté. Une vive sensation de volupté incendia mon visage, le marquant au fer rouge. Je me surpris à fixer mon camarade d’un regard limpide. – Dès cet instant, je fus amoureux d’Ômi

Le roman provoque un sentiment de mal-être renforcé par les obsessions du personnage principal qui n’est autre que l’auteur se cachant derrière le masque de sa création. 

A travers ce roman autobiographique, il se met en scène et se dissimule derrière le Kôchan qui partage ses souvenirs d’enfance, d’adolescence et de jeune adulte. Kôchan ne tarde pas à être victime de ses idées fixes sur ce camarade, Ômi, qui incarne la perfection absolue : « Pendant les cours, ou sur le terrain de sport, je ne cessais de le suivre du regard, et ainsi je finis par façonner une vision rêvée, absolument parfaite. »

Tiraillé, Kôchan ne parvient pas à sortir du paradoxe qui le mine : « Et dans ce vertige, deux forces contradictoires se disputaient l’hégémonie. D’une part l’instinct de conservation, d’autre part, un désir plus profond, plus impérieux qui me poussait à démolir mon équilibre. Il s’agissait de cette impulsion subtile et secrète à laquelle on s’abandonne souvent de façon inconsciente : la tentation du suicide. »

Ces pensées vont poursuivre le protagoniste (l’auteur, en réalité) toute sa vie. Malgré les subterfuges utilisés et les masques revêtus, les compulsions continueront à lui miner le corps et l’esprit. Il projette ces angoisses sur les figures gréco-romaines (symbole de l’homoérotisme et de la masculinité dans toute leur splendeur). Kôchan se perd dans son imaginaire, interprète les moindres paroles, faits et gestes de ses camarades pour y déceler l’innommable à ses yeux : « Ômi avait lu que je l’aimais, lui et lui seul. »

Ces sentiments contraires et cette résistance à toute tentation vont pousser Kôchan à s’auto-persuader que : « c’était de la jalousie. Une jalousie si féroce qu’elle me poussait à renoncer à mon amour pour lui. »

Kôchan met en place des mécanismes de protection afin de se protéger de ses pulsions, des ruminations et autres pensées gluantes qui alimentent son syndrome dépressif.

Le roman compare la vie humaine à une scène de théâtre où chaque personnage, chaque être revêt un masque pour cacher son visage. Kôchan dissimule sa culpabilité et ses incertitudes en exerçant un contrôle sur sa conscience afin de devenir une personne asociale pleine de suffisance.

Le roman mêle subtilement croyances, et pulsions en convoquant le champ lexical de l’ésotérisme : « J’adhérai instinctivement au dogme de la mort, si répandu en temps de guerre. Puis tu sélectionnes parmi eux la victime de ton prochain rituel impie. »

Le roman possède des qualités indéniables ; l’écriture dégage une profonde tristesse et montre les injonctions bouleversantes d’un être torturé : « puisque le rideau n’allait pas tarder à tomber, j’aurais dû mettre plus de zèle à interpréter les scènes de mon théâtre masqué dont j’étais le seul spectateur » ; « ces pensées obsessionnelles me torturaient, mettant aussitôt en pièces, dès que j’étais sûr de l’avoir enfin acquis, le plus intime fragment de bonheur » ; « conséquences du système d’autodiscipline que je m’étais imposé dès le début de mon adolescence, je préférai mourir plutôt que de devenir un indécis, une femmelette, un être incapable de marquer clairement ses préférences et ses aversions, un être qui, ignorant ce qu’est aimer, ne rêve que d’une chose : être aimé. »

Ce roman précurseur au sujet transgressif est un tour de force dans lequel la psychologie, les sentiments amoureux et les relations se reflètent tels : « d’horribles reflets éblouissants. » comme l’auteur le souligne en dernière page.

Le cinéma de Fred : « Un parfait inconnu », les débuts de la carrière de Bob Dylan.

Un parfait inconnu, réalisé par James Mangold (Walk the Line, 2005), retrace le début de carrière de l’auteur compositeur et interprète Bob Dylan avec Timothée Chalamet (Dune; Call me by your name) dans le rôle de l’artiste. Ce film biographique débute par l’arrivée de Bob Dylan à New-York et le défi de rencontrer son idole Woody Guthrie, l’une des plus grandes figures de la musique folk américaine, récemment hospitalisé. Par la même occasion, Bob fait la rencontre de Pete Seeger, autre figure de la scène. Bobby en profite pour interpréter l’une de ses propres compositions devant les deux musiciens. Woody est touché par le talent de ce jeune homme mystérieux aux paroles teintées de poésie et aux mélodies novatrices. Impressionné par son art et sa maitrise, Pete Seeger, l’un des pionniers du genre, prend Bobby sous son aile et l’emmène sur la scène musicale New Yorkaise. Il y fait la rencontre de Joan Baez (incarnée par Monica Barbaro) et ne tarde pas à se faire un nom, à enregistrer disques de chansons originales et reprises jusqu’à la reconnaissance unanime de ses pairs – comme Johnny Cash (joué par Boyd Holbrook) puis s’embarque sur des tournées de ville en ville jusqu’au point de rupture au Festival de Newport.

James Mangold signe un film de très bonne facture, classique et maîtrisé. Les compositions musicales du célèbre chanteur sont formidablement mises en scène ce qui rend l’expérience cinématographique particulièrement agréable. L’intégralité des chansons est interprétée par Chalamet lui-même. L’acteur est étonnant dans le rôle de l’artiste iconique en proposant une interprétation intimiste. Son jeu sonne juste, et il parait évident qu’il a pris du plaisir à interpréter Bob Dylan en collant au personnage sans pour autant le copier ni en proposer une version caricaturale telle que la version proposée par Todd Haynes dans « I’m not there » en 2007.

Pour le reste, la mise en scène minimaliste entraîne un sentiment de proximité avec le chanteur. La force du film réside dans l’absence de pathos habituellement trop présente dans les réalisations dédiées aux stars de la chanson – la mise en scène évite le piège de l’hagiographie.

Le film réussit à proposer une lecture touchante, en se focalisant principalement sur la carrière naissante du chanteur avec des références discrètes sur ses prises de positions politiques et sociales ainsi que son aversion et sa méfiance envers les labels musicaux. Pour certaines scènes, la sensation d’observer du coin de l’œil un musicien anonyme se manifeste et c’est en cela que le personnage devient attachant et le film original.

En résumé, le film propose de (re)découvrir l’œuvre musicale de Bob Dylan, seul musicien à avoir obtenu un prix Nobel de Littérature.

Le cinéma de Fred : Flow, l’extraordinaire animé à voir d’urgence

Fred nous partage son coup de cœur au cinéma pour bien commencer l’année : Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau, un long métrage d’animation letto-franco-belge de Gints Zilbalodis.

Prix du jury et prix du public au Festival d’Annecy 2024, nommé dans la catégorie du meilleur film d’animation aux Golden Globes 2025, Flow est un film qui retrace les aventures d’un chat noir forcé de survivre dans un monde en plein déluge. Flow trouve refuge en hauteur pendant que l’eau continue de tout submerger, il finit par se hisser à bord d’une barque de passage et se retrouve en compagnie d’un capibara (gros rongeur). Au fur et à mesure, les deux animaux sont amenés à collaborer avec d’autres espèces : un serpentaire, un labrador et un lémurien, échappés eux-aussi des flots déchaînés qui ont recouvert leurs territoires. Alors que l’eau monte inexorablement au-dessus de la terre, la troupe navigue à travers des paysages étranges et magiques, flottant sur des cités énigmatiques, des forêts luxuriantes complètement immergées et s’entraident dans cette atmosphère de fin du monde dans l’espoir de rejoindre la cime : le point le plus haut. 

Le film propose ainsi une lecture novatrice de l’arche de Noé au moyen d’un récit dépourvu de références bibliques, de dialogue et d’être humains (ça fait du bien). Les décors graphiques sont superbes, les bruitages une impeccable réussite. Rarement un film d’animation aura transmis des émotions aussi poignantes à travers le regard d’un chat. La gestuelle des animaux est fidèle à leurs spécificités. D’un point de vue morphologique, ils ne sont pas humanisés. Ils bougent et se déplacent selon les critères de l’espèce à laquelle ils appartiennent. 

Une charge émotionnelle intense est présente du début à la fin. Elle est renforcée par la mise en scène de l’instinct de survie dont font preuve les espèces représentées. Et cela sans tomber dans le travers des films d’animation modernes qui ont tendance à dénaturer à outrance l’animalité en voulant l’humaniser coûte que coûte. Les comportements, les mimiques et les sons caractéristiques de chaque animal présent à l’écran sont particulièrement réussis et facilement identifiables par les personnes familières des animaux.

Ce film diffuse un sentiment de rêverie, avec le monde aquatique traversé par Flow, il se rapproche de Life of Pi (2012) du réalisateur taiwanais Ang Lee (Tigre et Dragon, Brokeback Mountain), de par la description d’une imagerie qui jongle entre onirisme et réalité mais également par la présence des espèces aquatiques où fourmillent couleurs chatoyantes et diversité. L’approche choisie par le réalisateur offre plusieurs interprétations et c’est là également que le film révèle sa puissance et sa finesse. Rempli de poésie, évitant le sentimentalisme et l’apitoiement, le film est à mi-chemin entre le voyage initiatique d’un jeu virtuel (Stray) et le film d’animation dans lequel les spectateurs s’identifient aux pérégrinations du chat et de ses comparses dont le but ultime est la survivance et le dépassement de soi dans un monde en crise.  

Cinéma : Saltburn

SALTBURN (2023) sur Amazon Prime
Saltburn est un drame psychologique réalisé par Emerald Fennell et sorti en 2023. La
réalisatrice est notamment apparue dans plusieurs films d’époque et a réalisé Promising Young Woman en 2020.
Saltburn relate l’histoire d’un étudiant, Oliver Quick (Barry Keoghan) qui intègre la
prestigieuse université d’Oxford. Dès les premiers jours, il subit des moqueries, ses
camarades sont, pour la plupart, issus de l’aristocratie anglaise sinon de la haute
bourgeoisie. Il fait la connaissance d’un autre universitaire, souffrant de problèmes
mentaux, et lui aussi rejeté par la communauté, mais Oliver Quick ne tarde pas à s’en
défaire et à le refouler pour s’immiscer dans le cercle fermé des riches héritiers.
Très rapidement, Oliver jette son dévolu sur Felix Catton (Jacob Elordi). Suite au décès
du père d’Oliver, Félix l’invite à s’installer à Saltburn pour le réconforter. Oliver fait la
rencontre des parents de Félix, les époux Elspeth; la soeur Venetia et le cousin
américain, Farleigh. Il tisse sa toile autour de la famille Catton qui a pour habitude
d’héberger leurs amis notamment Poor Dear Pamela (interprété par Carey Mulligan).
Oliver gagne la confiance des parents de Félix et participe aux activités familiales qui se
résument à des fêtes où drogues, alcool et sexe sont les maîtres-mots. Jusqu’au jour
où Félix emmène Oliver rendre visite à sa mère éplorée suite au décès de son père.
C’est là que tout bascule suite à des révélations. Le lien est rompu entre les deux
hommes puis très vite, une emprise psychologique se joue et un ressentiment
immense s’empare d’Oliver qui échafaude un plan machiavélique qui conduira au
drame.
Le film dépeint des personnages profondément manipulateurs et le thème de
l’obsession est largement développé à travers le personnage d’Oliver. Le manoir des
époux Elspeth est le théâtre de la lutte des classes où s’entremêlent les sentiments
contrariés, – entre amour pathologique et haine viscérale.
Les références symboliques sont nombreuses mais l’image la plus frappante est peutêtre
celle du labyrinthe : parallèle des méandres émotionnels et psychologiques du
personnage principal. Le labyrinthe reproduit en effet l’esprit torturé d’Oliver et son
monde intérieur dont le but ultime est d’en trouver le centre afin d’en déceler la
véritable nature. On pourrait croire que c’est Olivier qui va se perdre dans les couloirs
des mondanités…or c’est tout l’inverse. Enfin, Saltburn rend hommage, dans une
certaine mesure à The Shining, de Stanley Kubrick.

En parallèle, l’allégorie du papillon, à la fois diurne et nocturne, est personnifié par
Oliver (moth en anglais). Sa transformation et cette capacité de suradaptation, les
différentes phases et les « persona » au sens de Jung, vont se révéler sur les terres de
Saltburn jusqu’à l’éclosion finale dans sa forme aboutie mais la plus terrible. L’image
du papillon de nuit “moth” fait écho au Silence des Agneaux, le célèbre thriller de
Jonathan Demme.
Véritable satire de la haute société anglaise où les caractères des personnages sont
poussés à l’extrême, le film reste néanmoins une agréable surprise et vaut le détour
pour plusieurs raisons : la bande originale (revival du tube de Sophie Ellis-Bextor avec
Murder on the Dancefloor dont la seconde partie est sortie tout récemment et qui
s’intitule Freedom of the night); les performances de Barry Keoghan (son accent
irlandais mélodieux) ainsi que Rosamund Pike (son accent sec et suffisant). D’ailleurs,
dans une certaine mesure, le film peut s’apparenter à un conflit historique sous-jacent
entre l’Angleterre et l’Irlande.