Le cinéma de Fred

Boy Erased : Lutte contre les thérapies de conversion.

Boy Erased, (2018) drame biographique réalisé par Joel Edgerton (réalisateur de The Gift et acteur vu dans Gatsby et Star Wars), s’inspire des mémoires de Garrard Conley, qui raconte son expérience dans des centres de thérapie de conversion. Le film suit Jared, interprété par Lucas Hedges (Manchester by the Sea), fils de pasteur, envoyé malgré lui dans un centre après avoir été outé à la suite d’une agression sexuelle.

Le film décrit avec force la brutalité de ces centres : humiliations publiques, violences morales et physiques, endoctrinement sous couvert de bienveillance. Dans ce centre, tout est fait pour effacer ce qui est perçu comme des comportements « déviants » : posture, manière de parler, expressions. Les participants subissent des confessions humiliantes et des violences psychologiques, verbales, voire physiques, sous couvert d’une prétendue « réorientation » vers l’hétérosexualité. Si cette dénonciation est nécessaire et puissante, la mise en scène souffre d’un certain manque de souffle et de rythme, qui atténue l’impact émotionnel.

La présence de Xavier Dolan et Troye Sivan, figures emblématiques de la scène LGBTQIA+, semble davantage symbolique que narrative. La bande-son, incluant des morceaux de Sivan, accentue cette impression d’effet médiatique plutôt que de véritable profondeur artistique.

Malgré un rythme parfois inégal, le film conserve une forte puissance dramatique et a le mérite de dénoncer une réalité préoccupante : la persistance des thérapies de conversion aux États-Unis. Pour une exploration encore plus approfondie, le documentaire Pray Away est vivement recommandé. Pour votre information, les thérapies de conversion sont interdites en France seulement depuis 2022 et aux États-Unis, ces centres sont interdits dans une vingtaine d’états.

Downton Abbey: The Grand Finale (2025) – Une élégante révérence pour une saga culte.

Avec ce troisième long-métrage, succédant aux films de 2019 et 2022, l’univers de Downton Abbey tire définitivement sa révérence. Cette ultime œuvre cinématographique prolonge l’épopée de la famille Crawley et de leurs domestiques, nous replongeant avec soin dans le faste — et les bouleversements — de l’aristocratie anglaise du début du XXᵉ siècle.

Toujours orchestré par Julian Fellowes, créateur de la série originale, et réalisé par Simon Curtis, le film conserve la formule qui a fait le succès de la série Downton Abbey : un récit choral maîtrisé, où une multitude de personnages évoluent sans jamais se perdre dans des intrigues secondaires superflues. Cette capacité à conjuguer richesse narrative et clarté dramatique reste l’un des principaux atouts de la saga.

L’intrigue se recentre sur Mary Crawley (Michelle Dockery), récemment divorcée d’Henry Talbot (Matthew Goode) et désormais marginalisée par sa propre classe sociale. Ses parents, aidés de sa sœur Édith, s’unissent pour lui redonner sa place et assurer la pérennité de Downton Abbey en la désignant héritière légitime. La transmission du domaine demeure ainsi l’enjeu central, symbole de la série depuis la disparition de Matthew (Dan Stevens).

En toile de fond, le film continue d’explorer l’Histoire avec un grand H : le Titanic, la Première Guerre mondiale, la révolution russe ou encore la grippe espagnole servent de repères chronologiques à cette fresque historique. L’ombre bienveillante de la Comtesse douairière (absente dans le film suite à la mort de Maggie Smith – interprète mémorable), plane sur le film, apportant émotion et nostalgie à cette conclusion.

Ce Grand Finale ressemble parfois moins à un film qu’à un hommage vivant : clins d’œil, flashbacks et éléments musicaux ou visuels ponctuent le récit pour rappeler aux spectateurs fidèles les grands moments de la série. On ressent une véritable complicité entre les acteurs, comme lors d’une réunion de famille à l’écran. Le résultat est un adieu touchant et digne à une série devenue emblématique.

Harold et Maude (1971) – Une célébration improbable de la vie.

Harold et Maude, réalisé par Hal Ashby, est un film culte des années 70 qui célèbre la vie là où on s’y attend le moins.

L’histoire suit Harold (Bud Cort), un jeune homme issu d’un milieu aisé, écrasé par une mère autoritaire et contrôlante. Pour s’en libérer, il adopte un comportement extrême : simuler des suicides de manière toujours plus absurde et théâtrale. Fasciné par la mort, il préfère les enterrements aux fêtes et se tient à l’écart des jeunes de son âge.

C’est lors d’un enterrement qu’il rencontre Maude (Ruth Gordon, oscarisée pour Rosemary’s Baby), une femme de 79 ans excentrique, libre et pleine de joie de vivre. Volant des voitures, défiant les règles et habitant une maison bohème remplie d’objets insolites, elle incarne l’instant présent et la liberté absolue. Peu à peu, Maude entraîne Harold dans des aventures décalées : replanter un arbre qu’elle a elle-même déracinée en pleine ville, explorer le monde autrement, défier les conventions.

Leur relation, à la fois touchante et drôle, mêle tendresse, humour et émerveillement. Maude apprend à Harold à aimer la vie et à se libérer de ses obsessions morbides, révélant peu à peu sa propre joie de vivre.

Aujourd’hui un peu oublié, Harold et Maude mérite amplement d’être (re)découvert. Le film bouscule les normes, notamment en abordant une histoire d’amour entre deux personnes séparées par plusieurs décennies, tout en restant délicat et lumineux. Ruth Gordon, loin de son rôle sombre dans Rosemary’s Baby, incarne un personnage profondément attachant. Un film qui pousse à réfléchir sur la vie, la mort, la liberté… et l’amour sous toutes ses formes.

Pour marque-pages : Permalien.

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