
Sebastian, premier long-métrage du réalisateur finlandais Mikko Mäkelä, explore le milieu de l’escorting gay en évitant les clichés habituels des films traitant de la prostitution.
Max Williamson, jeune écossais vivant à Londres, travaille en tant qu’écrivain free-lance pour un magazine littéraire. Afin de financer ses projets, il entame une double vie, celle d’Escort boy et ne tarde pas à faire de nombreuses rencontres. Max se sert de ses expériences avec les clients pour rédiger nouvelles, articles mais surtout son futur premier roman en utilisant le pseudonyme de « Sebastian ». Le ton employé et les sujets traités par le jeune écrivain attirent l’attention de ses éditeurs qui veulent lui confier l’interview de l’écrivain Bret Easton Ellis (auteur d’American Psycho), son romancier favori. Rapidement, Max se heurte à la difficulté de concilier sa vie d’écrivain et celle d’Escort boy tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel. Les limites du « métier » font rapidement surface avec son lot de mensonges, de manipulation et de jalousie.
Le film est touchant et réaliste grâce en grande partie à l’interprétation très juste de Ruaridh Mollica qui incarne à merveille un escort boy sensible et attachant. Sourire timide, visage angélique et regard espiègle sont des atouts formidablement bien mis en scène par la caméra du réalisateur révélant ainsi les différentes facettes et émotions du personnage. Max est tantôt audacieux tantôt fragile et ses traits de caractère sont renforcés par l’utilisation de gros-plans accentuant les regards séducteurs.
La représentation du milieu de l’escorting se manifeste également par le recours aux scènes extérieures tournées de nuit à Londres et à Bruxelles mais également avec les taxis transportant Max/Sebastian dans ses aventures nocturnes. Le réalisateur détaille minutieusement les codes qui régissent les rapports sexuels tarifés et les rencontres avec les clients sans exagérer en insérant les éléments caractéristiques de la vie d’Escort comme les invitations aux dîners mondains, les conversations autour d’apéritifs dans des hôtels grand luxe, l’expérience de petit ami et l’application de rencontres). Le réalisateur évite le piège qui consisterait à proposer un film basé uniquement sur le côté voyeuriste et pornographique.
L’autre élément particulièrement intéressant du film tient à la mise en abyme, à l’image de poupées russes, imbriquant l’œuvre du réalisateur, le roman du protagoniste principal (Max) et les multiples références artistiques, littéraires, musicales, distillées çà et là, reflétant les différents traits du personnage.
Somme toute, le film du réalisateur et le roman du protagoniste agissent comme des journaux intimes que le spectateur est invité à parcourir.