Littérature : La prochaine fois que tu mordras la poussière.

La prochaine fois que tu mordras la poussière est le titre du premier roman autobiographique de Panayotis Pascot dans lequel il évoque ses épisodes dépressifs, sa relation avec son père et sa sexualité. Il s’attache à traiter de manière honnête et franche des épisodes douloureux de son adolescence sans tomber dans le larmoiement. 

Panayotis Pascot est un jeune réalisateur, scénariste et humoriste qui a notamment travaillé avec CANAL+ où il a été chroniqueur dans l’émission Le Petit Journal de Yann Barthès. Il est également connu pour faire du stand-up. 

Le roman porte sur le lien filial, la sexualité en général et plus spécifiquement son homosexualité, les relations amicales, sentimentales, charnelles ; la dépression et ses effets sur le quotidien. 

« Le coup de foudre, faut que j’oublie le coup de foudre, je n’y ai plus droit. Si je croise un mec, faut que je m’autorise à le regarder, à me demander s’il pourrait me plaire, il faut que j’interprète l’intention derrière ce regard. Est-ce qu’il me jauge en retour ou est-ce qu’il se dit Tu veux quoi poto ? » 

« Au moment où je comprenais que j’aimais les hommes. Cette période je n’y pense que très rarement, souvent brièvement, mais elle m’a bien traumatisée. J’ai tenté de me tuer après une longue descente aux enfers. Le psychiatre me dit qu’une tentative de suicide c’est souvent ce qui stoppe une dépression, que le traumatisme de savoir qu’on va mourir, que c’est une histoire de minutes, crée un bloc psychique qui remet les pendules mentales à l’heure. » 

La syntaxe et le style reflètent le cheminement de ses pensées. Tout ce qui lui passe par l’esprit est couché sur papier, du plus accessoire au plus marquant. Les anecdotes, épisodes, tranches de vie se succèdent, parfois ponctuées de majuscules en plein milieu de phrase de manière à insister sur un mot considéré comme fondamental. À titre d’exemple, le mot « Vie » représente le centre de son projet en lien avec la quête du bonheur. 

Ce roman autobiographique est une thérapie pour l’auteur et un soutien pour le lecteur. 

En effet, les discours moralisateurs, pompeux et inaccessibles sont laissés de côté pour se concentrer sur l’angoisse existentielle qui habite l’écrivain. 

Tandis que le style est très oral avec des erreurs intentionnelles, la démarche semble sincère et n’enlève rien aux qualités de son projet autobiographique qui demeure agréable à lire et empreint de dynamisme. 

Sensible, son discours est transparent, il met en lumière sa difficulté à vivre. Brutal, intime et viscéral, les chapitres se succèdent et alternent drame et comédie. 

« Mon ordinateur est lent, il commence à se faire vieux et a du mal à suivre mes doigts qui tapent avec des fautes les mots qui ont eux-mêmes du mal à suivre mes pensées. Il faut que j’en rachète un et vite. Je pense à ce que m’a dit le psychiatre. J’en vois un depuis que les idées suicidaires sont revenues me susurrer des plans très concrets à l’oreille il y a quelques semaines. Sois-je me médicamente chaque jour de ma vie, si ça reviendra, ce sont des cycles dépressifs intenses qui débarquent tous les 5 à 8 ans. Jamais je ne deviendrai un zombie qui prend ses deux pilules et demie chaque matin car il a peur du fond du puits de ses pensées. » 

Il se livre et n’hésite pas à décrire les obsessions sexuelles ou sentimentales qu’il a traversées. Cette exposition se veut d’une parfaite/impeccable authenticité : 

« Après ça j’ai vu une psy pour lui dire que j’étais un pervers narcissique, que j’avais besoin d’aide pour arrêter de faire du mal à ceux que j’aime, ou ceux que je me fais croire que j’aime, ou dont j’aime le fait qu’ils m’aiment, tout ça c’est pareil. Je ne savais pas que quelques années plus tard je retournerais la voir pour le même motif : je suis une horrible personne et je grignote les gens avec qui j’entre en contact. Sauf que cette fois-ci, elle sent que quelque chose était grave, une dépression impressionnante qu’elle me dit. Impressionnante ? Qui impressionne qui ? Elle m’oriente vers un psychiatre, je me dis que c’est pour les autres les psychiatres, pour les fous les psychiatres. » 

Par son intermédiaire, il révèle le désordre qui peut également être le nôtre dans certains cas. L’auteur se montre sans artifice et il manie l’autocritique avec facilité ce qui le rend attachant dans son discours : 

« Le Bonheur aussi était à mes côtés et j’ai réussi à lui parler de mes pensées. Il ne m’a pas jugé, a essayé de m’accompagner, mes frères aussi, ils m’ont partagé leurs expériences. (…) Même si ça va mieux, j’ai toujours un poids sur les épaules dont je cherche à comprendre la consistance. (…) Je me suis rajouté le plus de travail possible. Pour contrer l’appel du vide. Pour contrer ce moment où, parce que je n’avais rien à faire, je me mettais à faire confiance à la petite voix tenace qui me disait que j’étais une personne horrible. Je ne sais pas d’où ça vient, mais dès que je vais mal c’est le même schéma. » 

« Cette hypnothérapeute m’explique ce qu’est l’ennéagramme, un schéma simpliste selon lequel il n’y aurait, en gros, que neuf archétypes de personnalités, souvent basés sur une blessure d’enfance. On se forge alors un caractère dans le sens de la blessure ou pour la contrer et cela définit fortement nos rapports sociaux en tant qu’adulte. » 

Panayotis Pascot a participé à l’adaptation en série télévisée du jeu de société « Les Loups Garous ». Deux nouvelles saisons sont en cours de production après le lancement de la première en partenariat avec Canal+. 

Pour marque-pages : Permaliens.

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