La Machine de Turing, c’est une pièce de Benoît Solès qui triomphe actuellement au théâtre Michel.
La Machine de Turing, c’est l’histoire longtemps méconnue d’un mathématicien génial, solitaire et lunaire, amateur compulsif de Blanche-Neige, le conte qui scellera son sort funeste. Recruté par les services secrets britanniques, il invente, en 1942, en alliant rigueur et créativité, une machine capable de décrypter le code Enigma des nazis, offrant ainsi aux Alliés un atout décisif pour gagner la guerre.
La Machine de Turing, c’est aussi l’histoire d’un homme qui aimait les hommes, dans une Angleterre hypocrite encore corsetée par une morale victorienne implacable, et qui baptisa sa machine “Christopher”, le prénom de son amour de jeunesse défunt.
La Machine de Turing, c’est l’histoire bouleversante d’Alan Turing, héros secret de la Seconde guerre mondiale condamné pour son homosexualité à une ignominieuse castration chimique dont il ne se remit pas. Il se suicida à 41 ans en croquant dans une pomme empoisonnée au cyanure, (un célèbre logo évoque toujours aujourd’hui sa fin tragique) et ne sera officiellement réhabilité qu’en 2013 par la Couronne d’Angleterre.
Benoît Solès a tiré de ce destin brisé une pièce puissante et vibrante, qui retrace habilement la courte vie de cet homme supérieurement intelligent et éminemment fragile, une oeuvre portée par l’interprétation habitée et passionnée de l’auteur et de son complice Amaury de Crayencour.
Il faut aller au théâtre Michel applaudir debout cet hommage ô combien mérité à ce pionnier de l’informatique, héros de l’ombre injustement condamné pour sa différence, ancêtre de tous les geeks.